08/09/2015

Ticket for change, potion magique pour entrepreneurs humains


Il y a une quinzaine de jours, j'ai découvert un secret de la plus haute importance que je me suis gardée de diffuser. N'y tenant plus, je le partage aujourd'hui très exclusivement avec les lecteurs de ce blog: il s'agit de l'invention d'un nouvel antidépresseur révolutionnaire. Contrairement à certains cachets bien connus, il se délivre sans ordonnance et n'a pas d'effets secondaires indésirables. La mauvaise nouvelle c'est qu'il est (presque) réservé aux moins de 30 ans et qu'il n'est administré qu'à une petite soixantaine de super veinards, sélectionnés avec soin.


C'est à la soirée d'ouverture de l'édition 2015 -la deuxième- que j'ai fait connaissance avec Ticket for change. En découvrant les grandes lignes du projet sur la toile en 2014, le concept m'avait intrigué, mais je craignais qu'il soit plus "business" qu'authentique. Quinze jours, deux soirées et une interview avec le fondateur plus tard,  je suis nettement plus convaincue, non seulement de la sincérité des protagonistes, mais aussi de la pertinence de leur démarche pourtant un peu folle.


Pour vous résumer ce tout jeune projet ambitieux, Ticket for change est "accélérateur de talents" supposé provoquer un passage à l'action chez des entrepreneurs sociaux et solidaires en devenir. Pour cette deuxième édition, 50 jeunes et 8 « intrapreneurs » porteurs d'un projet au sein de leur entreprise, ont été sélectionnés par la start up parmi 1200 candidats. La promotion a été ensuite embarqué dans un tour de France d'une douzaine de jours en 6 étapes, avec un programme pédagogique réparti en trois phases -inspiration, introspection, action- qui s'achève par le pitch de leurs projets et la remise d'un prix pour quatre d'entre eux.





Entre les 2700 kilomètres parcourus et les trois nuits en bus, les participants ont passé leur projet au crible, mais aussi appris à se connaître. Eux-mêmes et leurs compagnons de promotion. « Un projet, il faut le porter avec ses tripes », affirme un participant lors de la soirée de clôture au studio 104, alors qu'une autre  révèle : « J'ai compris comment réconcilier le social et le business, deux notions qu'on ne veut pas mettre ensemble ». Beaucoup ont été remués par l'expérience, non seulement professionnellement, mais personnellement : « Ce que j'ai appris c'est que je vous aime tous et que j'aime toutes nos différences », lâche un autre participant. Pas étonnant que des partenariats se soient formées autour de certains des 49 projets qui ont émergé durant le tour 2015.


Et maintenant ? Récompensés ou non, les 58 participants de Ticket for change vont être suivis dans la réalisation de leurs projets pendant dix mois, à travers "un tuteur, une plate-forme d'échange en ligne et cinq week end d'accélération" résume le fondateur Matthieu Dardaillon. Cette phase, Ticket for action est après de tour, le 2ème des 4 axes autour desquels s'articule la start up. S'ajoutent Corporate for change et Mooc for change, un cours en ligne pour "devenir entrepreneur du changement" lancé entre les deux premières éditions et qui a été suivi par 19 000 personnes.


Un très jeune pilote pour une caravane atypique. Diplômé de l'ESCP, Matthieu Dardaillon aurait pu faire une très belle carrière dans une multinationale. Ou comme Marc de la Ménardière le co-réalisateur d'En quête de sens qu'il connaît bien, il aurait pu choisir de prendre ses distances avec le système. Mais après une année passée à rencontrer les entrepreneurs qui changent le monde et plus particulièrement dans un voyage de 8000 km à bord du train Yagriti Yatra en Inde, il est devenu lui-même entrepreneur à 24 ans avec Ticket for change, dont l'une des ambitions avouées est d'«Aider l'entreprise à se transformer de l'intérieur » . Conscient d'être accusé de social washing avec les puissants partenaires privés qui le soutiennent, Matthieu Dardaillon n'en a cure: « Les entreprises sont plus puissantes que les Etats aujourd'hui », constate ce géant à la force tranquille qui propose « d'aider les entreprises à comprendre qu'elles vont devoir changer leurs pratiques en raison des enjeux sociaux et environnementaux, afin qu'elles aient un impact positif et participent à la résolution des problèmes de notre siècle à grande échelle ». Tout simplement. Il a commencé jeune, il n'a peur de rien et on a très envie d'y croire.

(Crédit photos: Laetitia Striffling)

2 commentaires:

Philippe D. a dit…

Je continue de me promener sur votre site. L'entreprise n'est pas un sujet très facile à traiter dans les médias alternatifs. L'accusation de greenwashing vient trop facilement....

Atalanta a dit…

Tout à fait. Je suis toujours sceptique quand de grosses corporations se lancent dans des campagnes éthiques. Mais je comprends la philosophie de Ticket for change: il vaut mieux tenter de changer l'entreprise de l'intérieur plutôt que de se résigner à leurs énormes nuisances.